Traduction

jeudi 2 novembre 2017

Patrick Senécal



http://www.patricksenecal.net/romans/


J'ai rencontré Patrick Senécal au festival Toulouse Polars du Sud. 




Son roman L'Autre Reflet, traite du sujet de l'écriture du polar ou roman d'horreur et pose toute les bonnes questions, notamment celle de la description de la violence, comment en rendre compte, avec les mots adéquats, pertinents, sans tomber dans le cliché, l'enflure ou la platitude ?

Patrick nous fait entrer dans la tête et la peau du personnage auteur de polar et l'on ne peut plus en sortir ni poser le bouquin. Obsédant, haletant, et toujours terriblement juste. 




Je lui ai posé quelques questions et il a gentiment accepté de me livrer ces confidences :



Pourquoi écris-tu des polars ?

J’écris en fait des romans noirs: parfois horreur, parfois polar, parfois horreur… Pourquoi? Au départ, c’était pour le plaisir de raconter une histoire haletante, le plaisir de manipuler de lecteur, de jouer avec ses émotions. Mais peu à peu, je me suis rendu compte que c’était un bon moyen d’explorer notre inconscient, notre noirceur intérieure, la bête qui sommeille en nous et qui peut surgir suite à un événement particulier… Ça devient un miroir du pire de l’humain. Et puis, disons-le: les drames permettent de meilleures histoires que le bonheur. De plus, je suis avant tout un raconteur, un story-teller, pas un grand styliste littéraire. Le roman noir me sied donc parfaitement. 


As-tu choisi de le faire ou cela s'est-il imposé ?

Je pense que cela s’est imposé. J’ai lu de l’horreur et du fantastique à onze ou douze ans, et je me suis aussitôt dit: je veux écrire ça. Ça été aussi naturel, aussi instinctif que cela. Il m’arrive d’écrire d’autres choses, mais dans ces cas-là, je dois obliger mon imaginaire à aller ailleurs, et j’aime beaucoup explorer d’autres facettes de mon imaginaire. Mais si je laisse mon imaginaire vagabonder, les idées qui me viennent naturellement à l’esprit sont noires et violentes. Mais comme j’ai beaucoup de succès au Québec, il y a le risque du confort et de la répétition: je dois éviter cela. 


Que cherches-tu à travers cette écriture ?


Je crois qu’écrire sur la noirceur humaine, c’est un moyen de parler de mes propres peurs. Et, par le fait même, de les juguler un peu. Du moins, cela me donne l’impression que je contrôle ces peurs jusqu’à un certain point. C’est un moyen de nourrir ma propre bête intérieure, de la nourrir juste assez pour qu’elle demeure docile et calme. 

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